HÔPITAL
Les avancées de l’étude en 3D de l’oeil de souris par transparisation
Dans une récente étude, l’équipe de Michel Paques au Centre d’Investigation Clinique (CIC) de l’Hôpital national des 15-20, a réalisé des avancées significatives dans l’imagerie en 3D de l’oeil de souris par transparisation. Marie Darche, membre de l’équipe et co-auteure de l’étude, nous donne un aperçu de cette recherche et de ses implications pour l’homme.
— Qu’est-ce que la transparisation ?
Marie Darche : En histologie (l’étude des tissus et de leurs structures), nous utilisons des marqueurs fluorescents afin de cibler et identifier uniquement les cellules ou protéines d’intérêt. La transparisation nous permet de rendre le reste de l’oeil transparent, afin de pouvoir imager facilement tous ces marqueurs fluorescents à l’intérieur du tissu. C’est une technique dite in toto, c’est-à-dire que l’échantillon est analysé en entier. L’œil s’est longtemps présenté comme le seul organe résistant à cette technique, de par sa complexité, sa pigmentation, sa structure et sa fragilité.
— En quoi cette étude est-elle inédite ? Qu’est-ce qu’elle apporte à la recherche ?
M. D. : Si les vaisseaux de la rétine sont assez bien connus chez la souris, le reste de la vascularisation est moins étudié. Dans notre article, nous nous sommes concentrés sur des vaisseaux cruciaux mais assez méconnus : les vaisseaux hyaloïdiens. Ces vaisseaux existent dans le vitré de l’œil durant le développement du fœtus, apportant de l’oxygène au tissu pendant que la vascularisation adulte se met en place. Ils doivent ensuite régresser car leur persistance empêcherait le développement de l’œil. Leur présence, leur absence et la dynamique entre les deux sont donc cruciales pour le développement de l’œil adulte. Ils sont cependant détruits par toute dissection de l’œil. L’analyse par transparisation nous a donc permis d’obtenir les premières images de ces vaisseaux intacts, en 3D, à tous les stades de développement de l’embryon à l’adulte.
— Quelles sont les perspectives ?
M. D. : Ce travail sur la souris n’était que le début du projet. L’équipe souhaite développer cette technique sur l’œil humain, dont les tissus hautement spécifiques possèdent leur propre structure et propriétés. Cette singularité a amené la recherche à se concentrer uniquement sur des tissus isolés du reste de l’organe. Or, les pathologies tendent à être bien plus complexes que cela, se révélant souvent multi-tissulaires ou avec des impacts sur l’organe entier (DMLA, glaucome, myopie, etc.).
Les travaux sont donc en cours afin de mettre en place une imagerie grand champ et haute résolution de l’œil humain en histologie, afin de compléter la plateforme clinique du CIC et obtenir des études complètement translationnelles des nombreuses pathologies étudiées.
Source : Hôpital national des 15-20
EN VIDÉO : Three dimensional characterization of developing and adult ocular vasculature in mice